• C’était la première fois depuis des années que Luigi allait revoir Eclair. Il était heureux de la revoir, surtout qu’elle allait lui présenter son nouveau fiancé pendant le congrès inter-royal. Mais il était contraint d’être discret car il avait vite remarqué qu’il était le seul de sa famille enjoué à l’idée de la voir.
    En effet, la famille Nerem semblait détester profondément et personnellement Eclair.
    Enfin, non: ils ne semblaient pas, ils la détestaient profondément et personnellement, et ce, pour une raison que personne n’a cherché à expliquer à Luigi.
    Mais il pouvait se consoler en se disant que son frère serait aussi de la partie. Ils ne s’étaient vus qu’à deux reprises depuis que Luigi était parti vivre à Sarasaland, et c’était encore plus difficile de trouver une date pour se rencontrer maintenant que Luigi se préparait à devenir empereur. Ca n’allait pas arriver la semaine prochaine, mais Daem voulait que Daisy prenne sa suite avant qu’elle n’ait trente ans, puis fasse tomber le Royaume au profit de la résurgence de l'Empire. Et, idéalement, qu’ils soient parents, ou au moins avec un bébé en route. Non pas qu’ils y mettent de la mauvaise volonté sur ce point, bien au contraire, Luigi savait que Daisy aimait cette partie de leur intimité comme lui, mais ils n’avaient eu aucun succès là-dedans.

    Argh, ce serait sans doute plus facile d’avoir un enfant si Daem ne leur mettait pas autant de pression.

    Ils quittèrent l’aéroport calmement, entrant dans une limousine réquisitionnée spécialement pour eux. De ce que Luigi a entendu, la famille Nerem allait être la première à arriver, bien qu’ils ne puissent pas faire de tourisme à cause de leur rang de personnages publics qui les empêcherait d’être tranquille. Ce n’était pas grave, Luigi comptait juste passer du temps avec Ecair, puis son frère.

    En entrant dans le palais, la famille royale fut immédiatement accueillie par un vieil homme à la chevelure grise et aux petits yeux verts menthe qui témoignent de sa longue vie. Le roi Salambo était vieux, contraint de prendre appui sur sa canne pour se déplacer. Le fait qu’il soit plus fatigué que lors de leur dernière rencontre a fait un pincement au cœur à Luigi: il était évident que ce vieil homme n’en n’avait plus pour très longtemps. La différence se marqua davantage quand ils ont tous fait un arc pour le saluer, là où le roi local s’est contenté de hocher la tête.
    “C’est un plaisir de vous voir.” dit-il. “J’espère que nous pourrons apaiser les tensions qui durent depuis trop longtemps entre nos deux familles."
    Quelque chose s'est passé entre les sœurs. C’était comme si une brise s’était déplacée, laissant sur les visages princiers de sa famille des sourires tendus et hypocrite. Seul le père est resté stoïque.
    “Vous savez très bien qu’il est dur d’oublier ce que vous avez laissé faire.” admit le roi plus jeune.
    Le roi Salambo n’a pas répondu.

    ---

    Une fois que Luigi eut déposé ses affaires, il quitta immédiatement les Nerem pour chercher son amie. Il n’avait été en contact avec Eclair que par les réseaux sociaux ces dernières années, alors il lui tardait de la revoir.
    En s’aventurant dans les jardins, il ne put s’empêcher de se remémorer leur première rencontre. C’était ici, alors que Eclair avait réussi à échapper à la harpie qui s’en était pris à elle et son grand-père. Elle était restée dans l’enceinte du château car elle voulait sauver sa seule famille, mais s'était avérée être un allié précieux à Luigi car elle avait réussi à actionner la boussole du temps. Maintenant qu’il y repensait, c’était curieux qu’elle avait un écureuil qui parle à ses côtés, bien que le garçon ne l’avait pratiquement pas vu car le rongeur a vite été chassé par sa propriétaire. Avec le recul qu’il avait sur les animaux qui parlent, il pouvait en conclure qu’elle avait un sacran, mais d’autres questions autour du rapatriement des natifs de Sarasaland 14 ans auparavant ont germé dans sa tête. Luntrell l’a bien évidemment senti.
    “Ce Salambo a son jardin secret… peut-être que c’est lui qui a caché le sacran de sa gosse.”
    “Pourquoi il aurait fait ça ?”
    “Tu aurais laissé ta seule famille partir dans un autre royaume ?”
    La question de l’aigle était terrible, mais logique. Salambo n’avait que sa petite-fille et ne pouvait pas quitter son royaume comme ça. Ça aurait été un déchirement des deux côtés. C’était logique qu’il ait cherché à le cacher tout ce temps et ça l’était tout autant qu’Eclair garde ce potentiel endormi à distance.
    Le garçon fut tiré de ses pensées par une voix familière. Ce n’était pas celle d’Eclair, il en était sûr. Cette voix, ça faisait trois ans qu’il ne l’avait plus entendue. Arrivant dans un carrefour, il en vit enfin la source, discutant avec la princesse locale.
    “Henri ?” dit-il, quelque peu surpris.
    Il n’avait jamais fait le lien, mais Henri était le portrait craché de Pauline, à l’exception que c’était un homme. Il connaissait maintenant leur parenté par le biais de Mario, mais il ne les a toujours pas vu côte-à-côte -et ça ne pouvait pas arriver, Pauline n’ayant aucun lien avec la famille de ses géniteurs-, mais la ressemblance était maintenant évidente. Mais pour-
    “Luigi !” sourit l’autre garçon. "Ça faisait longtemps !”
    Il s’approcha et prit Luigi dans ses bras, dans une étreinte qui mit mal à l’aise le prince. Luntrell s’est senti obligé de décoller pour ne pas être déséquilibré. Luigi avait tendance à oublier que les gens de la campagne étaient très tactiles.
    Mais maintenant, il faisait le lien: Eclair était fiancée et Luigi avait appris par hasard qu’Henri était fiancé à une étrangère. Evidemment que c’était le prochain couple royal du Waffle Kingdom.
    “T’as un bel oiseau.” dit le garçon en regardant l’aigle.
    “Je ne suis pas un oiseau comme les autres, gamin.” dit le sacran avant de se percher sur la tête de Luigi.
    “Vous… vous vous connaissez ?” dit une petite voix.
    Eclair était exactement comme Luigi s’en souvenait: les beaux yeux verts menthe de son grand-père, une robe aux couleurs gourmandes et des cheveux cheveux abricots attachés en une longue queue de cheval. Sa posture était aussi la même, peu affirmée mais pleine de la bonté et de l’empathie que la princesse waffelime pouvait faire preuve. Autant dire que Luigi la trouvait ravissante, bien plus proche de son type que ne l’était sa femme actuelle -bien qu’il était particulièrement heureux avec Daisy, rien ne le poussait à changer de vie pour le moment-.
    “Un peu que je le connais !" s’enjoua Henri. “C’est mon cousin de la grande ville !”
    Un petit sourire rassuré s’est dessiné sur les lèvres d’Eclair. D’une manière ou d’une autre, ils allaient être de la même famille.


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  • La journée est allée de surprises en surprises. La famille royale du Chesnut Kingdom était arrivée, mais Pauline était partie avec son fils aîné pour une histoire de vêtements puis Frederick est revenu seul, disant que sa mère en aurait pour un moment. Puis Bowser est arrivé, suivi par les affaires de Mario et de la princesse Peach. Princesse qui a contacté Daem pour lui dire qu’il y avait un monstre du côté waffelime du massif de Chai mais qu’elle s’en occupait et qu’il ne fallait surtout pas consulter Salambo à ce sujet. La seule chose cohérente dans tout ça était le monstre qui avait été filmé à Epissons et se dirigeait vers Chai, une espèce d’oiseau gigantesque qui semblait provoquer des avalanches ça et là le long de son trajet. A bien y réfléchir, ça n’avait peut-être pas de sens non plus.

    Pendant qu’ils regardaient les images de la bête diffusée sur le bulletin d’informations, Edelweiss gardait les yeux rivés sur le livre qui parlait de l’Eiesia. A mesure qu’elle tournait les pages, son expression semblait impassible, avant de le refermer avec un soupir.

    “Je ne sais pas exactement ce qu’est cette chose…”

    “Allons ma Weissy, tu n’as pas à te mettre dans cet état…” souffla Waluigi, dans une tentative de la rassurer. “Tu devrais poser ce livre, ça fait des semaines qu’il te monte à la tête et ça commence à m’inquiéter.”

    Si il n’y avait qu'elle qui était inquiétante! Mais Luigi avait bien vu le brutal changement de comportement des sœurs après leur “réunion de sororité” qui a suivi la libération de Shokora. Mais bon, Luigi ne pouvait rien y faire, et c’était plus facile de partir du principe que tout allait bien plutôt que de chercher où était le problème exactement. Alors comme tout le monde dans cette famille, il se voilait la face, bien qu’il tentait de garder un certain recul sur tout ce qu’il voyait.

     

    ---

     

    Dans la nuit, Luigi a reçu un appel, récupérant avec peine son téléphone et tentant d’articuler un “Allo ?” une fois qu’il pensait avoir décroché. Daisy a gémi derrière lui, visiblement dans le même état de fatigue que le prince et tentant d’articuler quelque chose de son côté. Il se traîna hors de la chambre et ferma la porte derrière lui.

    Mario lui raconta un étrange incident impliquant Peach, un crâne, l’Eiesia, une Idée noire, mais aussi du mot “Mayes”. Là où Luigi tentait de rester concentré au début, il devint de plus en plus alerte, sentant un danger imminent.

    “Quelque chose va se passer.” fini par déclarer le prince. “Ce… ce que je t’ai pas dit à propos de Shokora est que le truc qui la possédait venait aussi de l’Eiesia... “

    “Quoi ?”

    “Ouais, c’est bizarre…. Il semblerait que ce soit un royaume perdu antérieur au premier empire de Sarasaland… Mais c’est difficile d’avoir des traces de ce royaume, on ne sait même pas où il était…”

    “Ah…”

    “Et…. “mayes” est un mot issu du sarnar, il signifie… mort...."

    Un lourd silence dans le combiné, Mario devait avoir du mal à encaisser l’information.

    "Écoute," reprit Luigi, “on en parlera plutôt de vive voix demain matin…” il bailla. "Je ne me sens pas de tenir une conversation pareille à cette heure-ci et par téléphone…”

    “D’accord… bonne nuit.”

    “Bonne nuit.”

    Luigi pu enfin raccrocher, se glissant dans le lit et se réinstallant pour dormir.

    “C’était qui ?” demanda Daisy.

    “Rien…” bailla Luigi. “Rendors-toi, on a du travail demain.”

     

    ---

     

    Le matin se déroula dans un calme relatif. Les dernières personnes manquant l’appel allaient arriver en fin de matinée et le congrès pourrait commencer après le déjeuner.

    Ca, c’était sur le papier. 

    Dans la pratique, Daisy multipliait les regards noirs vers leurs hôtes et le reste de sa famille courbait sagement l’échine à ce comportement, visiblement car ils le cautionnaient. Waluigi a tenté de détourner son attention plusieurs fois, mais il n’a jamais réussi. Et la famille Candyear avait deux façons d’agir: tout d’abord le roi Salambo qui se contentait d’ignorer Daisy, préférant concentrer son énergie sur Daem et expliquer à quel point il voudrait donner un royaume avec de bonnes relations à sa fille. Et Eclair qui évitait avec un immense soin les yeux pleins de haine de Daisy. Craig sentait vraiment la tension et alors qu’Harik devait tenter de se rapprocher de Thismia, il avait préféré concentrer son énergie sur le roi Chestnut Kingdom, espérant lui faire garder son calme.

    Puis Henri s’est adressé comme tel à Daisy.

    “Est-ce que tu peux arrêter de regarder ma fiancée comme si tu allais la tuer ?”

    La seconde qui suit, il était contre le mur, Daisy l’insultant dans un mandarin presque parfait. Luigi n’avait aucune idée de ce qu’elle disait, mais le bruit du choc entre Henri et le mur a suffit à faire décoller Craig qui est devenu inarrêtable, volant d’un bout à l’autre de la pièce, forçant ainsi Daisy à lâcher sa prise, et attaquant quiconque essayait de l’arrêter. Il fallut bien deux minutes avant qu’il n’explose une fenêtre et ne passe par là pour sortir. L’instant d‘après, alors que personne ne s’était vraiment remis de cet incident, Daisy attrapa Eclair par le col, la prenant immédiatement comme bouc émissaire.

    “T’en as pas marre d’être un aimant à emmerdes ?”

    “Quoi ?! Mais je-’

    "Ne te justifie pas ! TOUT ce que tu as fait n'est pas justifiable !”

    La princesse sarasalandaise continuait ses accusations, toutes plus graves et irréalistes les unes que les autres. Eclair restait là, figée et choquée. Ce n’est qu’un bout de quelques secondes devant cette scène que Luntrell fit remarquer à Luigi que quelque chose brillait à la ceinture d’Eclair. Le temps qu’il ne s’approche pour les séparer, un flash bleu illumina la pièce. Quand il se dissipa, Daisy et Eclair n’étaient plus là.

    Malgré qu’il ait été ébloui, Harik parvint à se relever et quitta la pièce pour tenter de retrouver Craig. Luigi, quant à lui, sortit demander à ce que tout les gardes empêchent quiconque de sortir. Il pensait savoir ce qu’il s’était passé, mais il avait besoin de confirmer quelque chose. Il courut vers les quartiers de son amie, fouillant à la hâte dans ses affaires. Elle n’était pas là… Non, elle ne pouvait pas…

    Il avait besoin de quelqu’un qui pourrait le croire.

    La panique s’était installée dans le château, Henri avait dû prévenir de ce qu’il s'était passé. Luntrell décolla, tentant de repérer un chemin pour l’aider. Soudain, il s’arrêta, hurlant pour que sa voix soit au-dessus du chaos général.

    “Hé ! Luigi ! Ton frère est arrivé !”


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  • “Bon, alors, c’est quoi cette histoire d’Eiesia ?” demanda Mario.

    “Eh bien, Edelweiss en sait plus que moi…” admit Luigi.

    “Pourquoi on lui demande pas ?”

    “Tu es fou ? Elle est obsédée par ce livre depuis qu’elle l’a trouvé! C’est à peine si elle dort… Je ne veux pas empirer son état.”

    Derrière les jumeaux, la princesse Peach demeurait silencieuse. Elle semblait s’être exclue elle-même de la conversation, perdue dans ses pensées.

    “Et en plus Luntrell qui me cache des choses… comme si j’en avais besoin…”

    “C’est rien, ça.”

    “Mario, tu ne comprends pas… Luntrell doit être mon plus fidèle compagnon, c’est une partie de moi.” Une pause. Luigi cherchait ses mots. "C'est… c'est comme si tu te regardes dans un miroir, mais que tu réalises que ton propre reflet te cache quelque chose… Je ne sais pas si je peux te le comparer autrement.”

    Mario a saisi la comparaison, acquiesçant.

    “Je vois… C’est vrai que je ne suis pas du tout au fait de ce truc de sacran, je pense qu’il m’en faudrait un pour savoir ce que ça fait…”

    Le groupe a continué à marcher un instant dans le silence, n’ayant toujours pas remarqué qu’on les observait.

    “Au fait, qui est cette femme qui était avec vous ?”

    “Annabelle ? C’est l-”

    “C’est un monstre” coupa la princesse.

    Les jumeaux l’ont regardé.

    “C’est une espèce de papillon géant et perturbant car il a une posture humaine… mais c’est un monstre, ça ne fait aucun doute. Et… je me demande si elle est le seul monstre ici…”

    “Qu’est-ce que tu veux dire ?”

    “Depuis qu’Annabelle m’a donné ce crâne, je crois que je peux voir la vraie nature des gens… les ailes de Luntrell dans le dos de Luigi, la forme harpie de Pauline… et Cursio entouré d’une spirale jaune…”

    “Cursio ? Tu ne confonds pas avec Achille ?”

    “Non, je parle bien du vert qui a fait l'aller-retour avec nous...”

    Cette vision semblait profondément la perturber.

    “Je verrais avec Pauline quand on aura retrouvé les filles.”

    “D’accord…”

    Le trio se remit en marche dans un silence pesant, aucun des trois ne sachant vraiment comment détendre l’atmosphère.

    Ils n’avaient pas non plus entendu les pas de l’espion s’éloignant.

     

    Pendant ce temps, Waluigi et Edelweiss se disputaient dans le couloir. Encore ce maudit livre, présumait-il. La pauvre princesse était clairement sur les nerfs et Luigi avait raison, elle dormait assez peu depuis que Shokora avait été libérée du Silvallius, le nez toujours dans ce livre. De ce que les sacrans ont dit, il y avait une histoire avec cette mystérieuse marque en forme de papillon apparue sur chacune des soeurs, mais aucun d’eux n’étaient enclins à lui donner plus d’informations, en particulier Mountain qui était dans le même état de stress qu’Edelweiss. Bon sang, il plaignait Waluigi de devoir subir ça. Il préféra passer son chemin, détestant la tension qui s’était installée dans la famille royale.

     

    En entrant dans une autre salle, il surprit deux femmes en train de parler. La première était celle qu’il identifiait comme étant Annabelle, le “monstre” selon la princesse du Royaume Champignon, mais l’autre ne lui disait rien. Et il était encore plus difficile de la décrire vu qu’elle lui tournait le dos. Mais ce qu’elles disaient semblait intéressant. Alors le petit curieux décida de les écouter.

    “Cette histoire de boussole temporelle est donc vraie ?” demanda l’inconnue.

    “On dirait bien. Si on peut mettre la main dessus, je pourrais essayer de la craquer et-”

    “Non, Telloris est plus maligne que ça. Elle refuse de nous montrer l’avenir, alors cette boussole doit avoir cette propriété, que tu la trafiques ou non.”

    “Mais si-”

    “N’insiste pas. De toute façon, si la boussole peut être actionnée, ça fait une nouvelle brèche pour sortir de l’Eiesia.”

    L’Eiesia? Cette conversation devenait très intéressante.

    “Ce serait donc l’incident zéro ?”

    “C’est à envisager. On doit cependant attendre le retour de notre taupe pour creuser cette piste.”

    “Et comment tu comptes l’approcher sans que ça paraisse suspect ? Je te signale qu’on est pas censées la co-” Annabelle leva les yeux vers l’intrus. “Tiens donc…” elle sourit avec un air féroce. “Salut toi !”

    L’autre femme tourna sa tête presque à 180°, dévoilant des yeux rouges qu’il ne regardait pas vraiment face à la torsion impossible du cou de leur propriétaire.

    Il ne devait pas rester ici.

    L’espion commença à faire demi-tour d’un bond, courant vers la porte restée entrouverte avant d’être attrapé par la queue.

    Ces mêmes yeux rouges l’observaient.

    “On t’as dit que c’était pas bien d-AOUTCH”

    L’écureuil lui avait violemment mordu le nez, forçant l’étrangère à lâcher sa prise. Il entendit sa victime hurler à l’autre de l’attraper, mais Gray se dépêcha de grimper et de passer par une fenêtre ouverte à proximité.

    Cette fois, le rongeur argenté était conscient de sa chance. Mais ces deux femmes dégageaient quelque chose d’horrible, il en était sûr. Ce n’était pas pour rien si Peach craignait l’une d’elle, et l’autre devait être d’autant plus dangereuse, en plus de certainement pas être humaine. Mais il était rassuré de voir qu’il n’y avait pas que les filles de Daem qui étaient étranges. Peut-être qu’il devrait en parler à son humain, même si tout ça n’annonçait rien de bon. Oui, il allait faire ça.

    Sautant de branche en branche, l’écureuil gris finit par rentrer par une autre fenêtre, commençant à pister son roi dans les couloirs, espérant bien vite le retrouver.


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  • Le corps de Daisy a rarement été aussi engourdi. Elle se redressait avec peine, ayant lâché Eclair à un moment ou un autre. C’était sans doute de la faute de cette dernière si elle était là.

    Quelle garce. Toujours trop soucieuse de créer des problèmes.

    Elle parvint finalement à se relever après avoir chassé les fourmis qu’elle avait dans les jambes. Son homologue waffelime était toujours au sol, visiblement sonnée. La femme au kameth était bien tentée de la secouer pour la réveiller, mais elle fut coupée dans son élan en regardant un peu autour d’eux. Elles n’étaient plus au château. Ni dans une ville, d’ailleurs. En fait, Daisy était incapable de dire où elles étaient. Ca ressemblait au massif de Chai, mais en même temps, elle n'était pas capable de dire où. Pas le choix, elle dû appeler Chrysantheem.

    … Qui ne se manifestait étrangement pas.

    Bordel, qu’est-ce cette incapable avait fait ?

    “Hé! Eclair!” dit-elle en secouant l’autre femme.

    Le corps était souple sous sa main et peut-être que Daisy devrait davantage doser sa force en voyant ça. Mais cette dernière lui manquait aussi, étant clairement liée à son sacran. Peut-être qu’elle devrait vérifier si elle peut encore luxer une épaule, même sans ses compétences accordées par les dieux.

    Ou peut-être qu’elle devrait le vérifier quand Eclair recommencera à faire n’importe quoi.

    Finalement, la princesse aux yeux verts ouvrit les yeux.

    “Daisy, arrête…”

    “Je peux aussi te frapper si tu veux. De toute façon, une partie de ma force manque à l’appel.”

    L’autre se redressa avec peine, visiblement dans le même état que Daisy avant qu’elle n’arrive à émerger.

    “Allez, debout. J'aimerais savoir ce qu’il se passe ici.” dit-elle en examinant les alentours.

    Il fallut encore quelques minutes avant que la princesse aux yeux mentholés ne se redresse, examinant le monde autour d’eux.

    “Des hauts-plateaux ?”

    “On dirait bien… mais je n’arrive pas à savoir où on est exactement.”

    Il y eu un bruit de bruissement de tissu, mais un autre son a plus rapidement alerté la princesse sarasalandaise. L’instant suivant, elle tira son homologue derrière des rochers pour se cacher. Des soldats waffelimes marchaient pas très loin de là où elles s’étaient réveillées, visiblement en train de reconnaître le terrain.

    “Qu’est-ce que tu fous ?” souffla la plus jeune princesse.

    “Moi? Mais rien du tout! Je n’ai jamais vu ces soldats…”

    “Mais bien sûr, t’as que ça à foutre de connaître ton armée…”

    Leur conversation a attiré le groupe vers eux, si bien qu’il leur fallut encore quelques instants avant de se sentir observées. Daisy a été la première à lever les yeux vers eux.

    “Mais que faites-vous ici ?” demanda l’un des soldats.

    Daisy tourna son regard vers sa consoeur, mais cette dernière semblait être dans un état proche de la sidération.

    “Allez, c’est pas le moment de rien branler” dit l’autre homme. “Bougez-vous ou l’armée de la peur va encore venir dans les parages.”

    “Euh, oui, bien sûr Votre Altesse," dit Eclair en se relevant. Elle avait visiblement compris ce qu’il se passait.

    Daisy l’imita sans un mot.

     

    Pendant leur trajet dans les hauts-plateaux, Daisy s’adressa doucement à Eclair.

    “Votre Altesse ? Tu connais ce type ?”

    “C’est mon père…” répondit-elle avant de commencer à fouiller dans sa jupe.

    Daisy leva à nouveau les yeux vers l’homme qu’Eclair désignait comme tel. Il avait la peau plus claire que celle de la princesse à ses côtés. Il avait aussi des cheveux noirs assez longs qui ressortaient bien sur son armure d’un gris plutôt sombre. Une longue cape rouge couvrant son bras droit complétait la tenue. Maintenant, oui. La princesse de Sarasaland fit le rapprochement: c’était bel et bien le prince Canneberge. Mais quelque chose n’allait pas: cet homme était mort plusieurs mois avant la naissance de la princesse orange.

    “C’est bien ce que je pensais.” fini par déclarer Eclair en regardant un cadran. “Nous sommes en 1987.”

    “QUOI ?!”

    Les deux hommes se sont tournés vers le duo, quelque peu interloqué par le cri de Daisy. Quelques secondes d’un silence gênant a eu lieu, alors que les deux groupes se regardaient. Celle aux yeux mentholés s'empressant de cacher le cadran dans son dos pendant le processus. Puis les deux hommes ont repris leur chemin l’air de rien.

    “Ok, c’est quoi cette histoire ?”

    “Je sais pas, mais on est dans le passé, c’est sûr…”

    Toujours aussi inutile, c’était limite un exploit à ce stade.

    “Et comment on rentre chez nous ?”

    “Je ne sais pas, la boussole du temps est un peu capricieuse quand elle s’y met…”

    Les deux hommes se sont arrêtés, visiblement alertés par quelque chose. Daisy a vite compris ce qui les chiffonnait. Quelque chose était derrière eux. Quelque chose de vivant, mais aussi dangereux. Quelque chose que Daisy a appris à reconnaître car elle vivait avec les plus docile d’entre eux.

    “Ne vous retournez pas…” souffla la princesse, au bord de la tétanie.

    Elle devait garder son calme, ils n’attendaient que ça. Puis l’homme qui accompagnait le prince a commencé à se retourner, ignorant le conseil de la princesse.

    Il a hurlé d’effroi, et ç'a été le signal pour Daisy de commencer à courir, attrapant son homologue par le bras pour qu’elle suive le rythme.

     

    ---

     

    Quand les deux princesses se sont arrêtées, c’est parce que Daisy était essoufflée, fatiguée de tirer Eclair dans sa course. Cette dernière avait une condition physique nettement moins bonne que la plus jeune. Eclair qui est d’ailleurs presque tombée en avant quand Daisy l’a lâché tellement elle était fatiguée.

    “Qu… qu’est ce que c’était ?” demanda la plus âgée entre deux souffles.

    Celle aux cheveux tabac n’a pas répondu au début, regardant autour d’elles.

    “Daisy ?”

    “Des Pionpi. Ces choses se nourrissent de la peur des autres.”

    “Et ?”

    “Mon oncle Marcus en a déjà vu un sous sa véritable forme. Il a mis deux ans avant de retrouver l’usage de la parole et il ne s’en ai jamais vraiment remis.”

    L’autre princesse dégluti. Elle ne pouvait pas savoir exactement à quoi elles avaient échappé et Daisy n’en n’avait jamais vu avec cette forme, sans doute pour le mieux. Mais il y avait mieux à faire, donc la plus sportive arracha le cadran de la main de sa consoeur.

    “Qu’est-ce que c’est que ça ?”

    “On appelle cet objet la boussole du temps… elle permet de voyager dans le passé… c’est pour ça que je sais quand on est…”

    “Et comment on retourne à notre époque ?”

    La propriétaire de la boussole reprit l’objet, tentant de déplacer les aiguilles. A cet instant précis, le monde autour d’elles a commencé à changer.


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  • Azaléa a vite eu marre de tourner en rond à travers le palais, même si ça faisait moins de dix minutes. 

    Elle a commencé à détester la famille Candyear quand elle avait 6 ans, Daisy n’était pas encore née, d’ailleurs. Ils lui avait arraché son modèle. Elle n’a eu des détails que plusieurs années plus tard. Et le coupable n’a jamais cherché à s’excuser: il était le mal incarné. Et toute la souche devait être aussi pourrie que lui.

    Tout ça pour dire que la princesse aînée se serait bien passée de venir ici, mais devait faire bonne figure au nom de son sang bleu et ce, même si sa fierté lui avait demandé de boycotter cet événement. Son père lui a fait savoir que c’était mal placé, et que même si leur peuple était d’un naturel fier, il fallait savoir mettre ça de côté, car c’était ainsi qu’on devenait une meilleure personne. En tant que future reine, celle au tempérament flamboyant se devait de donner l'exemple, même si cela impliquait de se contraindre d’ouvrir un dialogue avec un royaume qu’elle préférait raser. Mais au fond d’elle, elle se savait incapable de le faire. La guerre est entrée dans sa vie à deux reprises, suffisamment pour savoir à quel point c’était douloureux, la sensation de juste devoir survivre dans les mois suivants avant de recommencer à vivre. C’est pour ça qu’ignorer cette famille était incroyablement plus simple et plus moralement acceptable.

    La princesse aînée ne sait pas tout à fait ce qu’il s’est passé, mais quand elle a été tirée de ses pensées, elle était dans un couloir avec les portraits de tout les anciens souverains waffelime étaient encadrés. Elle défila lentement sous les regards des morts, les observant tour à tour. Au bout du couloir se trouvait un portrait du prince Canneberge et de son père. Leurs yeux semblaient identiques, mais pour la première fois depuis des années, elle vit quelque chose qui l’a surprise: même dans cette peinture, les yeux du défunt prince étaient pleins de vices, s’opposant à ceux de son père qui étaient calmes et bienveillants. La rousse regarda un peu arrière pour voir que ce regard existait déjà avant que les cheveux de Salambo ne blanchissent. Puis son regard s’est tourné vers le dernier tableau du couloir, dévoilant le même roi, cette fois-ci accompagné de sa petite-fille. Les yeux de l’enfant ne reflétaient pas d’innocence: elle semblait brisée. Si jeune, et pourtant déjà détruite. Cette image a brisé le cœur d’Azaléa: d’un seul coup, elle s’est sentie coupable d’avoir détruit l’enfance de quelqu’un.

    “Ne te pense pas coupable, princesse des flammes.”

    La principale intéressée s’est retournée, voyant ce qui semblait être un peintre si on en croyait ses vêtements.

    “Ne me regarde pas ainsi, je suis juste en train de quitter mon chantier pour la journée.”

    Le peintre s’est quand même approché, et sa voix ne trompait pas son apparence: c’était une femme aux cheveux longs, mais à l’allure un peu juvénile, rendant son âge difficile à estimer. Elle a commencé à regarder le tableau.

    “La princesse Eclair a eu de nombreuses rumeurs autour d’elle, certains disant qu’elle est la fille de votre tante, la princesse Greta.”

    Le nom a attiré l’attention de la princesse.

    “Vous parlez de-”

    “Votre idole d’enfance, oui.” La peintre s’est tournée vers elle. “Je pense que vous connaissez les relations entre vos deux royaumes. Donc être un bâtard, et en plus métissé d’un royaume ennemi… Je suppose que vous voyez les dégâts faits par ce cocktail.”

    La princesse des flammes regarda à son tour la toile.

    “Eclair serait… ma cousine ?”

    “C’est possible.”

    La culpabilité a de nouveau commencé à ronger la princesse. La famille a toujours été très importante pour elle, et l’idée d’avoir fait autant de mal à un innocent avec qui elle avait des liens de sang était inacceptable.

    “Vous n’êtes pas la seule à vous en vouloir dans cette histoire.” dit la peintre. “Mais vous pouvez encore vous rattraper. Qui sait: peut-être que vous pourrez empêcher la création d’un deuxième Canneberge.”

    Après cela, l’ouvrière est partie, laissant Azaléa seule avec des images.

     

    ---

     

    Il a fallu quelques minutes pour que le reste de la fratrie soit au courant. La deuxième étape était donc de confronter le roi Salambo à cette histoire. Cependant, Azaléa a été arrêtée par la garde royale. Le roi était au repos et ne devait pas être dérangé. Résignée, elle se prépara à attendre en tournant en rond dans le palais avant de tomber nez à nez avec Henri, le fantasque fiancé de la princesse locale. Il devait probablement venir du Royaume Champignon si on en croyait l’accent. Il ressemblait à Luigi et de ce que la princesse au Gao avait compris, les deux hommes se connaissaient. Peut-être qu’ils étaient cousins, bien qu’elle n’osait pas s’avancer sur ce terrain, n’arrivant même pas à reconnaître des oncles si elle ne les voyait pas au moins une fois tout les deux ans. Cependant, contrairement à ce qui pouvait être attendu, l’étranger n’a pas joué l’homme éploré, il a plutôt chercher à confronter Azaléa au comportement de Daisy. Comme si elle en avait besoin.

    Mais le pire était que cet homme avait la condition physique d’un homme de ferme. Il n’avait donc pas été compliqué pour lui d’acculer physiquement la princesse.

    “Henri, j’ai vraiment pas le temps pour ça.” souffla la princesse d’un air ennuyé.

    “C’est pas parce que tu es une princesse que tu peux me parler comme ça, l’arabe !”

    Ce dernier mot à suffit énerver Azaléa. Elle le repoussa, tentant de maîtriser sa colère.

    “Je t’invite à apprendre à communiquer avec tes pairs. Si tu deviens prince, on n’acceptera pas de commentaires racistes de ta part.”

    Il ne fallait pas qu’elle rentre dans son jeu, alors elle a préféré s’éloigner, connaissant son tempérament. Quand elle sentit une main commencer à attraper son bras, le sang de la princesse n’a fait qu’un tour. Elle repoussa cet homme une nouvelle fois, un jet de flammes accompagnant son mouvement. Ce sera son seul avertissement

    Henri la regarda, visiblement choqué par la lumière.

    “Et tu sauras qu’on a de la magie à Sarasaland. Donc apprends à choisir tes adversaires.” articula-t-elle dans une colère froide.

    Cette idée suffit à calmer son interlocuteur qui la laissa partir sans aucune protestation.


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