• Cela faisait plusieurs mois que les As avaient repris leur routine. Bien que Pauline avait repris contact avec son entourage New Donkais, il n’était pas question pour elle de retourner vivre là-bas. De toute façon, sa vie appartenait au Chestnut Kingdom.

    Comme tout les matins, la brune s’est rendue aux Ailes de l’ange et a relevé leur courrier tant qu’elle y était. Contrairement à d’habitude, il y avait un colis envoyé par Vincente Piuma de New Donk City.

    Hew.

    Même quand on croyait en être débarrassé, l’ombre du nom Piuma planait toujours.

    Peut-être qu’elle aurait dû les décimer, elle aurait certainement été tranquille.

    “Hé, les gars!” hurla-t-elle en entrant. “Vous avez un colis de la cousinade!”

    “Pas intéressé!” cria Cursio depuis la cuisine.

    Décidément, il ne changera jamais.

    Pauline a quand même ouvert le paquet, alors que les deux femmes travaillant ici ont commencé à graviter autour d’elle.

    "Évite," dit Belina. “C’est peut-être piégé.”

    Chapitre 1

    “Connaissant Vincente, il est pas assez malin pour faire un colis piégé.”

    “C’est le garcon de l’autre jour?” demanda l’autre femme avec son accent habituel.

    L’autre femme, c’est Dorota, la fiancée d’Achille. Le quatuor l’avait engagé car ils avaient eu besoin d’une serveuse pour aider Belina après le mariage de Pauline. Cette dernière avait honte de l’admettre, mais elle avait été choisie pour son physique. Elle appartenait à la communauté slave du Chestnut Kingdom et, de surcrois, était l’une des plus belles femme du lot. Ses cheveux blonds foncés et ses yeux bleus-verts ressortaient magnifiquement sur sa peau. Et comme elle était une harpie dite chauve, sa peau s’avérait être pâle sans la faire paraître malade, ajoutant à son charme.

    Mais oui, elle avait un accent roumain parfois problématique, en particulier quand on n’était pas habitué.

    “Oui,” reprit Pauline, “le garçon de l’autre jour.”

    Comme Pauline l’avait prévu, le colis n’était pas piégé. Mais ça ne l’a pas empêché de s’extasier de son contenu.

    C’était des documents en rapport avec Belina, Cursio et Achille. Ça allait des photos à de vieux documents officiels. Vincente ne devait pas en avoir l’utilité, expliquant qu’il avait préféré les envoyer aux principaux intéressés.

    “Par mes ailes,” commença Dorota en prenant une photo. “Belina! Tu étais adorable!”

    Effectivement, la photo montrait Belina quand elle devait avoir 4 ou 5 ans avec de grands verts plein d’innocences et un ours en peluche aussi gros qu’elle dans les bras. Qui ne pouvait pas trouver cette image mignonne? Pendant que Belina concentrait son attention sur une photo d’elle et son frère, Pauline a tiré du colis une autre image.

    “Hé, Cursi’! J’ai des dossiers sur toi, maintenant!” cria-t-elle pour attirer son attention.

    Et effectivement, une photo de Cursio, le grand frère, le plus mature, le plus sérieux de la bande, où il est déguisé en grenouille, ça prêtait à sourire. Il devait avoir 7 ou 8 ans sur cette photo.

    Ses cris ont au moins attiré les deux garçons qui ont aussi commencé à regarder les photos. Puis est venu le tour d’Achille de sortir du colis. Toutefois quelque chose n’allait pas…

    “Euh… Ach’?” commença Pauline, interloquée par ce qu’elle voyait.

    “Un problème?” demanda l’intéressé en levant les yeux d’une photo.

    Pauline lui a montré la photo qu’elle regardait.

    “Tes cheveux… c’est naturel?”

    Pauline a toujours connu Achille avec ses pointes bleues, mais elle avait toujours pensé qu’il se teignait les cheveux pour se donner un style. Mais sur cette photo, il avait déjà des pointes bleues alors qu’il devait avoir 6 ou 7 ans, si on en croyait les trous dans son sourire.

    “Euh… oui…” répondit le garçon, pris au dépourvu.

     

    ---

     

    “Et tu ne t’es jamais demandé d’où ça venait?” lui demanda Pauline.

    A vrai dire, Achille ne s’était jamais posé la question. Il avait toujours été différent des autres harpies, que ce soit par son absence de Voix ou sa résistance anormale au froid. Du coup, des cheveux bicolores ou unis… quelle différence?

    Mais maintenant, oui, il se posait la question. Il a plongé ses mains dans le colis, sortant par pile les nombreuses photos et documents à l’intérieur. Puis il l’a trouvé.

    Son certificat de naissance. Le blond s’est dépêché de le prendre et a commencé à le lire.

     

    Le 21 décembre 1983 21:07, place 14 Christophe Loiseau dans la commune de New Donk City est né Achille Piuma, de Rodrigo Piuma, né à New Donk City, le 14 août 1962, et de ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’, née à ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’, le ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’...

     

    Quoi?

    Pas de mère?

    Mais comment était-ce possible?

    Et dire qu’il avait longtemps pensé que sa mère était la première femme de son père… enfin, la seule femme, Rodrigo ne s’était marié qu’une fois. Mais il s’était fait une raison à l’adolescence, quand son ex belle-mère l’a froidement renvoyé quand il a voulu avoir de ses nouvelles.

    “Eh bah…” dit Pauline qui lisait par dessus son épaule.

    “Tu l’as dit…”

    “Quand je pense que le seul qui pourrait t’aider est dans une valise…”

    “Pauline, merde!”

    Son sourire montrait qu’elle savait ce qu’elle disait. Bon sang, qu’était-il advenu de la Pauline prudente et calculée qu’il connaissait?

    “Je crois savoir qui est ta mère.” dit Cursio, les coupant dans leur prise de bec.

    “Vraiment?”

    “Oui. Ton père était un jour revenu avec une femme complètement désorientée et un peu craintive. Je sais pas grand chose à son sujet, juste qu’elle a disparu après ta naissance…”

    Les deux hommes avaient 5 ans d’écart. Il était donc déjà beau que Cursio puisse placer un de ses premiers souvenirs.

    “Je pense que c’était elle, ta mère.” Il a fermé les yeux, tentant de se concentrer. “Je me souviens que beaucoup de gens dans la famille l’évitaient. Mais son nom…” il a poussé un soupir. “Je sais pas, ça ne me revient pas.”

    C’était déjà pas mal, il fallait être honnête. Mais la réponse n’a pas satisfait Achille pour autant.

    Puis, Pauline a décidé de changer de sujet, certainement pour l’empêcher de penser à cette histoire. Elle a proposé à tout le monde de venir avec elle au Waffle Kingdom pour le congrès inter-royal qui aura lieu à la fin du mois. Ils seraient tout les quatre hébergés à ses frais, donc pourrait faire du tourisme là-bas. Ça sonnait bien, donc ils ont tous accepté.


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  • Au cours du mois qui a suivi, Achille n’a cessé de penser à sa mère. Il a commencé à chercher sur des forums, que ce soit des informations ou une éventuelle famille maternelle, mais rien. C’est comme si Cursio était le seul à avoir vu sa mère. Enfin, il ne restait que les Piuma plus âgés qui avaient peut-être des informations…

    Au pied du mur, il est parti en avance par rapport à sa famille pour faire un détour par Vegesia. Il les retrouverait au Waffle Kingdom.

     

    ---

     

    “Oui,” admit Ezera en mélangeant son thé. “J’ai connu ta mère.”

    Chapitre 2

    “Vraiment? Qui était-elle? Elle aimait mon père? Tu sais où elle est? Est-ce qu-”

    “Du calme,” le coupa la femme plus âgée. “Bois ton café, on en aura pour un peu de temps et je sais que tu n’aimes pas le boire quand il est froid.”

    Au fond de lui, Achille a toujours aimé Ezera. Il l’a longtemps considéré comme sa mère et malgré tout les actes répréhensibles qu’elle a pu faire à Cursio et Bel, il les enviait secrètement d’avoir une mère qui a tenté de réparer ce qu’elle avait détruit.

    “Ta mère nous a dit s’appeler Elisabeth. Et elle te ressemblait beaucoup.”

    “Tu as des photos?”

    “Non, ton père les a détruites après leur rupture. Elle avait de beaux cheveux bicolores blonds et bleus, mais plus clair que toi.”

    Elle a continué à décrire Elisabeth et Achille s’est retrouvé à fermer les yeux, arrivant à imaginer la femme qu’elle était. Il la voyait plutôt belle, d’ailleurs.

    “Comment se sont-ils rencontrés?”

    “Rodrigo l’a rencontrée par hasard, alors qu’elle errait dans New Donk. Selon ses dires, elle était complètement déboussolée et après recherches de sa part, n’avait aucune famille.”

    “Même avec son nom?”

    “Elle n’a qu’un prénom et visiblement aucune existence au yeux de la loi. Je peux moi-même te l’attester. Mais ça devait être une migrante, elle ne comprenait même pas notre langue au début.”

    “Une migrante d’où?”

    “Je l’ignore, elle parlait une langue inconnue. Mais elle arrivait quand même à dire quelques phrases avant son départ.”

    “Elle est partie où?”

    Un silence. Un horrible silence.

    “Ton père avait prévu de la tuer…”

    Achille s’est senti devenir blême, presque malade. Il le sentait mal.

    “Mais je ne sais pas si il a réussi… il a juste dit qu’elle était un monstre et tu connais la suite… il a détruit les photos et n’en a plus jamais parlé…”

    Cette fois-ci, le garçon aux cheveux bicolores est resté dans le silence, mal à l’aise.

    “Elle a disparu peu après ta naissance… elle est juste restée avec nous un peu plus longtemps que sa grossesse avant de disparaître…"

    Il s’est contenté de baisser les yeux.

    “Donc…”

    “Si elle est vivante, elle n’a jamais cherché à te retrouver” avoua la femme plus âgée avec certaine peine dans la voix. “Je suis désolée…”

     

    ---

     

    Pendant que Belina profitait du confort du matelas, elle remarqua que Cursio avait reçu un texto. C’était Achille. Il connaissait l’adresse de l’hôtel mais pas le numéro de chambre.

    La brune ne s’est donc pas gênée pour déverrouiller le téléphone de son frère et donner l’information à son cousin par ce biais.

    Achille avait perdu son sourire habituel pour un air vraiment maussade. Et quand la jeune femme lui a demandé ce qu’il passait, il a complètment craqué.

    Tout d’abord, l’envie de trouver sa mère après ce jour ne l’a jamais quittée.

    Mais en plus, il était allé voir Ezera juste pour être encore plus désespéré à la fin.

    Elle l’a donc rassuré du mieux qu’elle pouvait, Cursio étant rapidement venu à son secours. Et quand Achille a enfin pu se calmer, ils lui ont tout les deux suggéré d’aller voir Dorota qui visitait le centre historique de la ville avec Pauline et Frederick. Le blond n’était pas convaincu, mais il savait qu’ils avaient raison: il devait se changer les idées, mettre l’histoire avec sa mère de côté pour le moment.

     

    ---

     

    C’était la quatrième boutique dans laquelle Pauline traînait son fils de force.

    “Maman, je suis grand!” s’indigna le garçon.

    “Mais tu ne sais toujours pas faire ta valise tout seul,” ajouta la femme en regardant les vêtements.

    “A qui la faute, hein?”

    Elle s’est arrêtée. Effectivement, c’était de sa faute si Frederick n’avait pas fait sa valise comme il faut. Si elle n’avait pas psychoté sur le moindre petit détail de ce qu’il mettait dans sa valise, il aurait certainement pu prendre des T-shirts.

    “Bon, c’est pas une raison pour être exigeant en matière de vêtements.”

    Une tentative misérable de rattraper, qui a valu un soupir fatigué de l’autre.

    “Ta répartie est de pire en pire… Surtout que tu es pire que moi quand tu t’y mets."

    Argh, ce gamin grandissait bien trop vite!

    Après avoir enfin trouvé quelques vêtements et les avoir payés, ils ont pu sortir du magasin. Une tête bicolore familière est venue à leur rencontre.

    “Salut mon chou!” sourit Pauline.

    “Votre altesse, c'est un honneur!” dit l’homme avec un arc complètement exagéré.

    Son sourire était moins fort que d’habitude. Quelque chose s'était sans doute passé pendant son détour, mais ils en parleraient certainement plus tard.

    “Ma chauve-souris n’est pas avec vous?”

    “Dorota est partie devant. Tu la connais: elle voulait acheter des souvenirs pour sa famille,” sourit la brune.

     

    ---

     

    Ce n’était pas étonnant, en effet. Dorota était très proche de ses parents et de ses deux frères. Ils étaient d’ailleurs géniaux, ayant humblement compris les confusions entre les communautés slaves que le garçon avait faites au début. Ils lui avait même donné des cours de roumain pour qu’il puisse communiquer avec d’autres membres de la famille. Oui, il était parfaitement intégré à la famille Zamfir, malgré les mensonges dits lors des premiers mois.

    Il a donc décidé de devancer la mère et le fils, ayant hâte de voir ce que sa petite chauve-souris avait pu trouver…

    Il a un peu regardé chaque vitrines, espérant y voir la chevelure familière de sa fiancée, mais quand il l’a enfin trouvé, tout s’est arrêté.


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  • La ruelle où se trouvait Dorota était un peu en retrait, entre deux boutiques. Les trois hommes autour avaient clairement de mauvaises attentions, et la seule chose qui les forçait à ne pas trop faire était les crocs bien évidents de l’autre harpie. Pauline a regardé Achille qui n’avait aucune réaction. Etrange, mais elle ne devait pas se laisser déconcentrer.

    “Hé! Vous! Laissez-la tranquille!” Dit-elle, s'affirmant dans ces mots.

    Quelle erreur, Dorota a baissé sa garde pour la regarder et un de ces hommes l’a attrapé par le bras, et mettant une main sur le visage de la pauvre femme de manière à ce qu’elle ne puisse plus mordre.

    “C’est votre amie, donc?” dit-il.

    “Elle est drôlement mignonne.” ajouta un autre. “Elle vient d’où?”

    "Ça ne vous regarde pas!” déclara Frederick avec véhémence.

    Pauline a mis son bras devant son fils pour lui signaler de s’arrêter.

     "C'est notre amie, oui. Maintenant, laissez-la tranquille ou j’appelle la police.”

    “Une allumeuse comme elle ne devrait pas avoir la paix.” dit le gars en tirant la pauvre harpie vers lui.

    La seconde qui suit, Achille a bondi, déployant ses ailes avec un cri qu’il n’avait jamais poussé. L’agresseur a reculé et a poussé Dorota dans la direction opposée. Une fois qu’il était au sol, les trois hommes ont tenté d’attaquer Achille.

    Un autre cri.

    Puis Pauline a vu du blanc.

     

    Une minute a dû s'écouler avant que la brune n’arrive à sortir de cette couche blanche particulièrement froide. C’était… de la neige? En été? Mais comment?

    Frederick est sorti peu après et, suite à quelques recherches, ils ont pu retrouver Dorota, mais pas Achille. Ils sont sortis de la rue avant que les trois agresseurs ne comprennent ce qu’il venait de se passer et personne n’était prêt.

    Un énorme monstre ailé était posé sur un toit voisin, rugissant de la même manière qu’Achille quelques instants plus tôt.

    Chapitre 3

    Son corps était recouvert d’un plumage bleu et jaune avec des yeux ambrés. Non… ce n’était pas…

    L’homme qui a bousculé Pauline dans la panique l’a tiré de ses pensées. Il fallait faire quelque chose. Frederick eut pour mission d’appeler Cursio et Belina pour leur demander de venir à leur rencontre. Pauline, quant à elle, s’est mise à chanter.

    Toi, ô toi sur ce toit!

    Je t’ai vu appeler la neige

    Mais reconnais-tu ton moi?

    Je sens la tempête qui te piège

    Ses bras devenaient carmins avec des doigts gris, sa Voix allait bientôt faire effet. La chanson était pauvre, improvisée sur l’instant, mais ça suffirait largement, le regard intéressé de la créature en disait long sur cette idée.

    Je t’en prie, mon frère, écoute-moi.

    Je vais t’aider avec cet harpège

    Quand la paix-

    Elle ne put terminer ce couplet, brutalement coupée par un rugissement encore plus menaçant. Sa Voix s’est dissipée à ce cri, et Pauline a dû s'envoler pour ne pas être engloutie par la neige.

    Impuissante, elle ne pouvait que voir cette créature s’éloigner après cela.

     

    ---

     

    Une énorme créature est passée au-dessus de l’aéroport d’Epissons, la capitale du Waffle Kingdom.

    Mario l’a très bien vu, il était sorti à cet instant. La créature partait vers l’est, certainement en direction de Chai. D’autres silhouettes l’ont suivi, mais Mario a pu reconnaître le carmin familier du plumage de Pauline.

    Il a donc abandonné sa valise et a commencé à les suivre, appelant la harpie qu’il avait reconnue.

    Le groupe a quitté sa trajectoire, planant et descendant vers lui. Puis Pauline a repris sa forme humaine. Étrangement, malgré la présence de Cursio et Belina, Achille manquait à l’appel.

    “Mario, je n’ai vraiment pas le temps…”

    “Que se passe-t-il? Où est Achille?”

    Une seconde. Puis il a compris, regardant le monstre s’éloigner.

    “Mais il va où?”

    “Vers les montagnes,” déclara Cursio.

    La femme derrière lui, probablement une slave vu son teint clair, a fondu en sanglots, marmonnant quelque chose dans une langue qui s’apparentait à du russe. Belina s’est dépêchée de la rassurer.

    “Vous aurez besoin d’aide?” demanda Mario en faisant abstraction de cette scène. Ce n’était pas l’heure des présentations.

    “Probablement.” soupira Pauline. “Mais vous êtes attendus, on va essayer de se débrouiller.”

    La princesse Peach s’approcha, rejoignant la conversation en plein vol.

    “Vous connaissez cette créature?”

    Mario et Peach avaient fait la route ensemble, mais la blonde était légèrement en arrière, désireuse de récupérer un sac dans tout ceux qui devaient être transférés au palais d’Epissons.

    “Aussi étonnant que cela puisse paraître, il s’agit d’un cousin que nous partageons tout les quatre”, admis Pauline en incluant Mario d’un geste de la tête.

    “Et derrière?”

    “Sa fiancée.”

    Le regard de Peach s’est éclairci de compréhension, levant les yeux vers l’est.

    “On doit l’attraper avant que l’armée ne mette la main sur lui.” déclara Belina.

    “Bien dit,” ajouta Cursio avant de commencer à partir.

    “Je viens avec vous.”

    La phrase de Peach a eu l’audace de surprendre tout le monde, mais elle semblait déterminée.

    “Et pourquoi vous viendriez?” dit une voix que Mario n’espérait plus jamais entendre.

     

    Pauline et Mario se sont immédiatement braqués en voyant la rousse approcher, reconnaissant celle qui les avait enfermé dans ce cauchemar.

    “Quoi? Vous ne feriez que les ralentir. Déjà qu’ils perdent du temps.”

    “Je regrette,” répondit Peach, “mais ce n’est pas vos affaires. Nous devons y aller.”

    Alors que Peach venait vers eux, la rousse a lancé des papillons vers la princesse.

    “Attention!” avertit le plombier, faute d’avoir le temps d’intervenir.

    Une tornade orange a encerclé Peach.


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  • D’interminables secondes se sont écoulées, une boule orange et brillante emprisonnant la princesse. Les autres ne pouvaient que regarder la scène, impuissants. Les yeux de la rousse sont devenus intégralement bleus alors qu’elle regardait ce qu’elle avait fait. Puis les papillons se sont dispersés dans une spirale, laissant la princesse tomber à genoux alors qu’elle reprenait son souffle. Mario s’est précipité vers elle, mettant ses mains sur ses épaules, implorant qu’elle lui dise quelque chose.

    Quand leurs regards se sont croisés, le plombier remarqua rapidement que quelque chose n’allait pas: les yeux de la princesse étaient rouges. La seconde qui suit, ils étaient redevenus bleus. Peut-être que Mario avait rêvé.

    Peach se releva assez doucement, s’appuyant sur son ami. Un gémissement confus, attira leur attention.

    L’invocatrice de papillons se relevait difficilement, adressant un regard confus à Peach, puis soudainement intéressé. Une fois sur ses pieds, elle s’approcha.

    “Annabelle, je suis l’épouse du roi Koopa.”

    Son changement de comportement était étonnant. Mais le plus surprenant était à venir.

    “Vous cherchez à aller vers les montagnes? Je vais vous aider, on ira plus vite en vaisseau.”

     

    ---

     

    “Vraiment?” demanda Pauline après avoir entendu le récit de la princesse. “Une femme-monstre vit dans les montagnes?”

    “Oui. En dépit de son apparence intimidante, elle est très douce.”

    “Je me demande si la princesse Eclair est au courant que ce genre de créature vit sur son territoire...”

    “Si vous voulez mon avis, c’est peu probable.” Déclara la chose qui avait aussi entendu l’histoire. “Mais je crois que je connais cette femme. Des cheveux blonds et bleus, vous dites?”

    “Oui.”

    “Et une posture qui tend à rappeler le froid?”

    “Oui…”

    Le regard de la rousse se tourna vers la cabine de pilotage, puis de nouveau vers le groupe avant de marmonner quelque chose d’incompréhensible.

    “Pardon?” dit Mario.

    “Rien, jeune homme. Je me disais juste que si Athecryos a été là-bas tout ce temps, ça explique qu’on ne l’ait pas retrouvé…”

    “Athe….cryos?”

    “Oui, un monstre comme Blondie a décrit, d’apparence féroce aussi tranchant que le froid des tempêtes de neige les plus violentes mais au fond de nature très douce comme de la poudreuse. Dans ses meilleurs jours, elle n’avait même pas la foi de tuer une mouche!”

    Le groupe de harpies échangea un regard. Puis Belina a parlé.

    “Vous croyez qu’Ach’ va s’en sortir si ils se rencontrent?”

    “En soit,” répondit Peach, “Elisabeth est beaucoup moins grosse que lui, alors…”

    “Quand elle le veut, elle fait près de 9 mètres. Donc si elle doit se défendre face à plus gros qu’elle, elle le fera sans problème.”

    Donc, si on en croyait les dires de cette abomination cachée dans une peau humaine, Achille allait se retrouver face à aussi gros que lui. Le combat serait impressionnant.

    “Donc…. on peut….” Pauline n’osait pas finir sa phrase.

    “Oui, il y a une chance qu’il ne s’en sorte pas.”

    “Achille…” Dorota recommençait à sangloter dans sa langue. Et déjà que Pauline ne parlait pas le roumain, alors le roumain en parti étouffé par des sanglots…

    Elle ne pouvait que supposer qu’elle ne voulait pas le perdre. Mais personne ne voulait le perdre.

    Encore une fois, c’est Belina qui s’est chargé de rassurer la pauvre femme.

    Mario et Pauline se sont regardés avant que la femme ne regarde à nouveau le monstre qui se faisait passer pour une innocente rouquine.

    “On ne peut pas aller plus vite?”

    “Avec le vent, ça va être difficile. Et si vous voulez mon avis, même si Athecryos peut tuer votre ami, elle n’ira pas aussi loin. Elle déteste l’idée de tuer.”

    “Vous pouviez pas le dire plus tôt?!” s’emporta Cursio.

    Il était le seul à être resté stoïque pendant tout le long du voyage car c’était sa façon d’encaisser le pire. Mais si même lui s’énervait, il était logique que tout le monde à part cette chose soit à bout de nerfs.

    “Qu’importe,” grinça Pauline. “Ce n’est pas la peine de s’énerver. Mettons fin à cette conversation et allons nous reposer le temps qu’on arrive.”

    Sur ces mots, Pauline a quitté la salle et a commencé à chercher sa cabine en réfléchissant.

    C’était la meilleure solution car elle commençait à avoir vraiment envie d’éventrer ce monstre. C’est comme si tout était calculé: le cauchemar dans lequel elle avait été enfermée avec Mario, le regard sur Peach, ce vaisseau comme par hasard disponible alors que leur temps leur est compté…

    Et bien sûr, encore une fois par hasard, elle connaissait une personne qui pourrait tuer Achille.

    Achille…

    Mais comment avait-il pu résister à sa Voix? Comment avait-elle pu échouer à l’envouter, elle qui était une harpie si puissante, capable d’hypnotiser des foules entières, au point même que les Piuma l’avaient soutenu pour ça avant de se rendre compte qu’elle était aussi des leurs? Ca n’avait aucun sens, elle n’aurait pas dû échouer, pas à ce point…

    La seule chose qu’elle ne pouvait pas envouter était des créatures dépourvues de conscience, et aux dernières nouvelles, le garçon bleu en avait une.

    Non, c’était en fait logique.

    Achille avait bien une conscience, mais pas la chose qu’il est devenu. Il n’était que froid et colère, n’ayant même pas reconnu sa propre sœur. Même à trois Voix, ils ne le ramèneraient pas à la raison… Toutes les harpies de la maison Piuma n’auraient pas pu l’arrêter, même en chœur. Car même si cette chose était Achille, il ne se reconnaissait plus lui-même. Et on n’hypnotise pas ce genre de créature.

    Malgré tout, cet échec la tourmentait, elle sentait le monde tourner autour d’elle, sa conscience s’évaporant peu à peu...

     

    ---

     

    Une trombe d’eau lui est finalement tombée dessus, la réveillant et voyant bien vite ses ailes carmins à la place de ses bras. Que faisait-elle sous ce filet et sous sa forme de harpie?

    "Écoute," dit le monstre à l’allure d’une rousse en s’approchant. “Je comprends que tu es énervée par ton échec, fatiguée de la situation et complètement dépassée par les événements, mais tu peux arrêter d’attaquer tout ce qui bouge sur le pont?”

    Cursio enleva le filet et aida Pauline à se relever. La harpie s’ébroua avant de reprendre sa forme humaine, quelque peu honteuse de la situation.

    “Ce n’est rien, vraiment,” expliqua Cursio, plus calme que tout à l’heure. “Annabelle l’a dit, cette situation t’énerve, c’est normal que tu laisses tes bas instincts reprendre le dessus.”

    “C’est ma faute, tout ça…”

    “Mais-”

    “Non,” le coupa Pauline, “c’est moi qui ait lancé tout ça. Je sais pourquoi Achille n’était pas dans son assiette depuis un mois.”

    “A cause de sa mère? Pau’, il serait posé la question un jour ou l’autre.”

    “Hum…”

    Cursio a commencé à raccompagner Pauline vers sa cabine, attendant que le reste du groupe soit assez loin pour à nouveau parler.

    “C’est vrai qu’on ne t’en a jamais parlé, mais tu te souviens du jour où les Piuma ont essayé de te tuer?.”

    Question rhétorique. Qui pouvait oublier qu’on avait tenté de lui tirer une balle dans la tête le jour de son anniversaire?

    “Vous n’étiez pas là, vous êtes arrivés au dernier moment…”

    “On nous avait enfermé car Ezera savait qu’on allait tout faire pour les arrêter.”

    “Et donc?”

    Cursio a marqué un silence avant de continuer. 

    Après avoir tenté d’enfoncer la porte, Achille s’est fait mal à l’épaule et est donc resté en retrait. A partir de ce moment-là, il est devenu étrangement silencieux. Puis il a fini par pousser un hurlement complètement étranger, une avalanche de neige s’est déclenchée au même moment. La porte a cédé sous le poids, leur permettant de sortir. Il était revenu à lui juste après, assez surpris de la scène.

    “Je crois qu’il a toujours été le monstre qu’il a présenté, mais tout au fond de lui. Et les deux fois qu’il l’a laissé sortir, c’était pour protéger les gens qu’il aime,” conclut l’homme.

    Et avant que Pauline ne puisse dire quoi que ce soit, elle fut doucement poussée dans sa cabine.

    “On reprendra cette conversation plus tard,” dit Cursio, “repose-toi un peu avant, s’il te plait.”


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  • Ça faisait quelques semaines que Blizna avait trouvé l’endroit où se cachait sa mère depuis toutes ces années. Elle s’était naturellement installée chez elle et… en dépit qu’elles soient le jour et la nuit et dans un espace assez étroit, la cohabitation n’était pas si catastrophique. En fait, le vrai problème, c’était la meute de loups de l’Eiesia qui était un peu plus loin et les laissait dans un désaccord quasi-permanent. Blizna était sûre qu’il fallait s’en débarrasser, mais sa mère voulait les laisser en vie, convaincue qu’ils pouvaient être utiles.

    Et aujourd’hui, sa mère avait raison. La meute était venue autour de leur maison avec plusieurs animaux blessés, tous gémissant et cherchant la protection des deux eiesiennes. Malheureusement, Athecryos n’était pas là, laissant Blizna s’occuper du problème seule…

    La jeune femme se transforma et décida de remonter les traces pour savoir ce qu’il s’était passé.

     

    Un monstre à première vue aviaire jaune et bleu était en train de fouiller dans une carcasse de loup, certainement pour y trouver la viande. Une gueule grise ensanglantée est finalement sortie du corps avec le foie. Cette chose était immense, même par rapport à ce qu’il restait du loup, mais faisait preuve d’une précision impressionnante. Donc elle a crié pour attirer son attention. Des yeux ambrés se sont dirigés vers elle, un rugissement l’accompagnant.

    Après un débat de rugissements et de grognements à tenter de faire savoir que le territoire était occupé, l’énorme monstre a bondit sur Blizna, tentant immédiatement de mordre son cou. Il s’est retrouvé confronté à l’épaisse crinière de Blizna, cette dernière profita de ce moment de surprise pour générer son bouclier, piégeant l’ennemi dans une ridicule collerette de glace quand il recula. Pendant que cet espèce d’oiseau tentait de se défaire de l’encombrant bouclier. Blizna sauta sur lui et enfonça ses crocs dans son épaule. Un hurlement de douleur s’échappa de la chose, avant qu’elle ne commence à rétrécir. Elle balança ensuite la forme entre ses dents contre une paroi pas loin.

    Le bruit de l’impact, puis une masse tombant dans la neige.

    Elle avait gagné.

     

    ---

     

    La tête d’Achille lui faisait mal, son épaule aussi. Mais le plus étrange était la sensation d’être restreint au niveau de cette dernière et autour de sa poitrine. Que s'était-il passé?

    Il devrait sans doute ouvrir les yeux et essayer de se souvenir de tout ça. Son dernier souvenir était ces hommes autour de Dorota qui-

    Il poussa un cri de choc, ouvrant enfin les yeux. Aucune trace de Dorota ou de ses agresseurs. En fait, il n’était même plus dans la rue, étant seul dans une maison encombrée. Quand il se sentit prêt, il tira la couverture et remarqua le bandage qui l’étreignait, la partie brunie au niveau de son épaule et entourait sa poitrine pour en maintenir la forme. Il devrait remercier son sauveur. En attendant qu’il apparaisse, il se dirigea vers la fenêtre pour regarder dehors. Un autre choc le traversa: il n’était même plus à Epissons, mais au milieu des montagnes!

    Puis quelque chose lui plaqua la tête violemment contre la vitre. Une chose douce et épaisse, mais avec d’énormes griffes grises foncées.

    “Qui es-tu?” demanda une voix tranchante comme un pic à glace, séparant délicatement chaque mot.

    La confusion l’empêchait de répondre, et, visiblement insatisfaite, la chose appuya davantage sur son crâne.

    “Tu t’en prends déjà à ma fille et tu te permets de me manquer de respect?”

    Il déglutit.

    “Quoique j’ai fait, je suis désolé… je ne sais même pas ce que je fais là...”

    “Vraiment?”

    “Oui… s’il vous plait, enlevez votre patte de moi, je ne ferai rien.”

    “Tu le jures?”

    “Sur ma propre vie…”

    Un instant, puis la patte recula enfin, lui rendant sa liberté de mouvement. Quand il se tourna, ce fut un nouveau choc pour lui: une femme, avec des cheveux bonds aux pointes bleues. En dépit des yeux bleus perçants qui le fixaient, il ne pouvait pas détacher son regard de la chevelure de cette inconnue.

    “La moindre des choses est de me regarder dans les yeux, jeune homme.”

    “Vos cheveux… c’est naturel?”

    L’instant de silence suffit à faire comprendre qu’elle avait été prise de court, mais son visage ne changeait pas.

    “Oui, pourquoi?”

    L’espoir gonfla le cœur de l’homme.

    "Ça va vous sembler absurdes, mais c’est aussi mon cas… et il parait que je tiens ça de ma mère!”

    Il l’étudia un peu mieux, la trouvant bien trop jeune pour être sa potentielle mère.

    “C’est une caractéristique rare… nous serions… frères et soeurs?”

    “Je n’ai pas de frère et je n’en aurai jamais.”

    Cette phrase a suffit à détruire ce qui s'était construit dans le fantasme de l’homme. La porte d’entrée s’est ouverte, laissant entrer une autre fille qui semblait de la même tranche d’âge que la première.

    “Ah, notre invité s’est réveillé!” s’enjoua-t-elle.

    “Comme tu peux le constater, Elen” dit l’autre avec la même expression depuis le début.

    Achille concentra son regard sur Elen, la comparant à ce qui était visiblement sa colocataire. Ses cheveux étaient blonds avec une mèche bleue en plein milieu, dans le même style que Katrina. Mais contrairement à la première et ses cheveux légèrement ondulés, ceux de la dénommée Elen étaient une épaisse toison bouclée, attachée en queue de cheval avec deux bâtons rouges qui la tenaient. Et toutes les deux portaient des tenues à la fois longues mais avec des tissus qui semblaient fins, comme pour des vêtements d’été. Elles avaient aussi toutes les deux les yeux bleus, et finalement, se ressemblaient comme des soeurs.

    “Elen? Joli nom!” dit l’homme avec un sourire.

    “Merci!” répondit l’intéressée avant de mettre ses mains sur l’autre. “Et elle, c’est Elisabeth.”

    “Hum.”

    Son expression n’avait toujours pas changé, ça devenait presque perturbant.

    “Elle…. sourit, des fois?”

    “Eh bien, jeune homme, tu sauras que ma petite maman n’est pas très expressive… Mais ça ne l’empêche pas d’être gentille et de sourire, des fois!”

    “Mère? Mais vous avez presque le même âge…”

    Elen a éclaté de rire.

    “Nous ne sommes pas humains, on ne vieillit pas à la même vitesse. Mais assez parlé de nous, quel est ton nom?”

    “Achille. Achille Pium-”

    Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase qu’Elisabeth lui a pratiquement sauté dessus, sa perturbante neutralité ayant laissé place à une expression féroce et pleine de colère, presque inhumaine.


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