• Chapitre 4

    D’interminables secondes se sont écoulées, une boule orange et brillante emprisonnant la princesse. Les autres ne pouvaient que regarder la scène, impuissants. Les yeux de la rousse sont devenus intégralement bleus alors qu’elle regardait ce qu’elle avait fait. Puis les papillons se sont dispersés dans une spirale, laissant la princesse tomber à genoux alors qu’elle reprenait son souffle. Mario s’est précipité vers elle, mettant ses mains sur ses épaules, implorant qu’elle lui dise quelque chose.

    Quand leurs regards se sont croisés, le plombier remarqua rapidement que quelque chose n’allait pas: les yeux de la princesse étaient rouges. La seconde qui suit, ils étaient redevenus bleus. Peut-être que Mario avait rêvé.

    Peach se releva assez doucement, s’appuyant sur son ami. Un gémissement confus, attira leur attention.

    L’invocatrice de papillons se relevait difficilement, adressant un regard confus à Peach, puis soudainement intéressé. Une fois sur ses pieds, elle s’approcha.

    “Annabelle, je suis l’épouse du roi Koopa.”

    Son changement de comportement était étonnant. Mais le plus surprenant était à venir.

    “Vous cherchez à aller vers les montagnes? Je vais vous aider, on ira plus vite en vaisseau.”

     

    ---

     

    “Vraiment?” demanda Pauline après avoir entendu le récit de la princesse. “Une femme-monstre vit dans les montagnes?”

    “Oui. En dépit de son apparence intimidante, elle est très douce.”

    “Je me demande si la princesse Eclair est au courant que ce genre de créature vit sur son territoire...”

    “Si vous voulez mon avis, c’est peu probable.” Déclara la chose qui avait aussi entendu l’histoire. “Mais je crois que je connais cette femme. Des cheveux blonds et bleus, vous dites?”

    “Oui.”

    “Et une posture qui tend à rappeler le froid?”

    “Oui…”

    Le regard de la rousse se tourna vers la cabine de pilotage, puis de nouveau vers le groupe avant de marmonner quelque chose d’incompréhensible.

    “Pardon?” dit Mario.

    “Rien, jeune homme. Je me disais juste que si Athecryos a été là-bas tout ce temps, ça explique qu’on ne l’ait pas retrouvé…”

    “Athe….cryos?”

    “Oui, un monstre comme Blondie a décrit, d’apparence féroce aussi tranchant que le froid des tempêtes de neige les plus violentes mais au fond de nature très douce comme de la poudreuse. Dans ses meilleurs jours, elle n’avait même pas la foi de tuer une mouche!”

    Le groupe de harpies échangea un regard. Puis Belina a parlé.

    “Vous croyez qu’Ach’ va s’en sortir si ils se rencontrent?”

    “En soit,” répondit Peach, “Elisabeth est beaucoup moins grosse que lui, alors…”

    “Quand elle le veut, elle fait près de 9 mètres. Donc si elle doit se défendre face à plus gros qu’elle, elle le fera sans problème.”

    Donc, si on en croyait les dires de cette abomination cachée dans une peau humaine, Achille allait se retrouver face à aussi gros que lui. Le combat serait impressionnant.

    “Donc…. on peut….” Pauline n’osait pas finir sa phrase.

    “Oui, il y a une chance qu’il ne s’en sorte pas.”

    “Achille…” Dorota recommençait à sangloter dans sa langue. Et déjà que Pauline ne parlait pas le roumain, alors le roumain en parti étouffé par des sanglots…

    Elle ne pouvait que supposer qu’elle ne voulait pas le perdre. Mais personne ne voulait le perdre.

    Encore une fois, c’est Belina qui s’est chargé de rassurer la pauvre femme.

    Mario et Pauline se sont regardés avant que la femme ne regarde à nouveau le monstre qui se faisait passer pour une innocente rouquine.

    “On ne peut pas aller plus vite?”

    “Avec le vent, ça va être difficile. Et si vous voulez mon avis, même si Athecryos peut tuer votre ami, elle n’ira pas aussi loin. Elle déteste l’idée de tuer.”

    “Vous pouviez pas le dire plus tôt?!” s’emporta Cursio.

    Il était le seul à être resté stoïque pendant tout le long du voyage car c’était sa façon d’encaisser le pire. Mais si même lui s’énervait, il était logique que tout le monde à part cette chose soit à bout de nerfs.

    “Qu’importe,” grinça Pauline. “Ce n’est pas la peine de s’énerver. Mettons fin à cette conversation et allons nous reposer le temps qu’on arrive.”

    Sur ces mots, Pauline a quitté la salle et a commencé à chercher sa cabine en réfléchissant.

    C’était la meilleure solution car elle commençait à avoir vraiment envie d’éventrer ce monstre. C’est comme si tout était calculé: le cauchemar dans lequel elle avait été enfermée avec Mario, le regard sur Peach, ce vaisseau comme par hasard disponible alors que leur temps leur est compté…

    Et bien sûr, encore une fois par hasard, elle connaissait une personne qui pourrait tuer Achille.

    Achille…

    Mais comment avait-il pu résister à sa Voix? Comment avait-elle pu échouer à l’envouter, elle qui était une harpie si puissante, capable d’hypnotiser des foules entières, au point même que les Piuma l’avaient soutenu pour ça avant de se rendre compte qu’elle était aussi des leurs? Ca n’avait aucun sens, elle n’aurait pas dû échouer, pas à ce point…

    La seule chose qu’elle ne pouvait pas envouter était des créatures dépourvues de conscience, et aux dernières nouvelles, le garçon bleu en avait une.

    Non, c’était en fait logique.

    Achille avait bien une conscience, mais pas la chose qu’il est devenu. Il n’était que froid et colère, n’ayant même pas reconnu sa propre sœur. Même à trois Voix, ils ne le ramèneraient pas à la raison… Toutes les harpies de la maison Piuma n’auraient pas pu l’arrêter, même en chœur. Car même si cette chose était Achille, il ne se reconnaissait plus lui-même. Et on n’hypnotise pas ce genre de créature.

    Malgré tout, cet échec la tourmentait, elle sentait le monde tourner autour d’elle, sa conscience s’évaporant peu à peu...

     

    ---

     

    Une trombe d’eau lui est finalement tombée dessus, la réveillant et voyant bien vite ses ailes carmins à la place de ses bras. Que faisait-elle sous ce filet et sous sa forme de harpie?

    "Écoute," dit le monstre à l’allure d’une rousse en s’approchant. “Je comprends que tu es énervée par ton échec, fatiguée de la situation et complètement dépassée par les événements, mais tu peux arrêter d’attaquer tout ce qui bouge sur le pont?”

    Cursio enleva le filet et aida Pauline à se relever. La harpie s’ébroua avant de reprendre sa forme humaine, quelque peu honteuse de la situation.

    “Ce n’est rien, vraiment,” expliqua Cursio, plus calme que tout à l’heure. “Annabelle l’a dit, cette situation t’énerve, c’est normal que tu laisses tes bas instincts reprendre le dessus.”

    “C’est ma faute, tout ça…”

    “Mais-”

    “Non,” le coupa Pauline, “c’est moi qui ait lancé tout ça. Je sais pourquoi Achille n’était pas dans son assiette depuis un mois.”

    “A cause de sa mère? Pau’, il serait posé la question un jour ou l’autre.”

    “Hum…”

    Cursio a commencé à raccompagner Pauline vers sa cabine, attendant que le reste du groupe soit assez loin pour à nouveau parler.

    “C’est vrai qu’on ne t’en a jamais parlé, mais tu te souviens du jour où les Piuma ont essayé de te tuer?.”

    Question rhétorique. Qui pouvait oublier qu’on avait tenté de lui tirer une balle dans la tête le jour de son anniversaire?

    “Vous n’étiez pas là, vous êtes arrivés au dernier moment…”

    “On nous avait enfermé car Ezera savait qu’on allait tout faire pour les arrêter.”

    “Et donc?”

    Cursio a marqué un silence avant de continuer. 

    Après avoir tenté d’enfoncer la porte, Achille s’est fait mal à l’épaule et est donc resté en retrait. A partir de ce moment-là, il est devenu étrangement silencieux. Puis il a fini par pousser un hurlement complètement étranger, une avalanche de neige s’est déclenchée au même moment. La porte a cédé sous le poids, leur permettant de sortir. Il était revenu à lui juste après, assez surpris de la scène.

    “Je crois qu’il a toujours été le monstre qu’il a présenté, mais tout au fond de lui. Et les deux fois qu’il l’a laissé sortir, c’était pour protéger les gens qu’il aime,” conclut l’homme.

    Et avant que Pauline ne puisse dire quoi que ce soit, elle fut doucement poussée dans sa cabine.

    “On reprendra cette conversation plus tard,” dit Cursio, “repose-toi un peu avant, s’il te plait.”


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