• Chapitre 8

    Luigi se réveille.
    Donc... il n'était pas mort?


     

    Luigi émergeait doucement. Son cou lui faisait mal et les souvenirs étaient flous. Il voyait un immense extraterrestre violet le saisir par le bras et l’emmener dans une tour tandis que Daisy tentait vainement de se dégager de son côté. Il a vu les quatre grandes ouvertures sur les murs et la princesse se rendre tandis que cette créature menaçait de lui trancher la gorge. Est-ce qu’il l’avait fait? Possible. Mais… il était mort, alors?

    Cette pensée a brutalement aidé Luigi à se redresser, respirant fort comme s'il sortait d’un cauchemar. C’était peut-être ça: ces trois derniers jours étaient certainement un cauchemar. De la convocation de ce Peach à cette créature, rien n’était cohérent. Mais ça semblait si réel…

    Le plombier étudia brièvement la chambre dans laquelle il était n’était pas la sienne, mais elle lui était familière quand même. La chambre d’amis qui lui a été donnée à Sarasaland. Ce n’était donc pas un rêve…

    Balançant les couvertures, le garçon a récupéré des vêtements propres et s’est habillé. Il n’avait pas souvenir non plus de s’être déshabillé, mais s'il ne se souvenait de rien après cette tour, il était donc possible qu’il avait été ramené au palais puis déshabillé pour une quelconque raison.

    En sortant de la chambre, le plombier a été surpris par le calme. Ses deux jours dans le palais lui avaient prouvé que d’une manière ou d’une autre, une des princesses était dans le coin. En se dirigeant vers les cuisines, il croisa Waluigi et ce dernier tenta directement de le renvoyer dans sa chambre.

    “Mais que se passe-t-il?” demanda Luigi

    “Après le coup que tu nous a fait, crois-moi que tu as encore besoin de repos” répondit Waluigi avec un sérieux et une fermeté que le plombier n’avait jamais vu. “Tu étais mort” reprit-il.

    Mort. Mais pourquoi était-il là?

    Le grand garçon a vu la confusion sur son visage et a décidé de lui expliquer. Luntrell était arrivé au palais et a prévenu que Luigi et Daisy étaient à Rimery. La région étant assez éloignée de l'endroit où Daisy devait se rendre à l’origine, il avait jugé plus prudent de s’y rendre directement et ainsi les déplacer. Sur le trajet, Luntrell a brutalement disparu, signifiant que Luigi avait été tué. Une minute plus tard, une explosion venant de la direction de Rimery s’est faite sentir. De l’herbe s’est mise à pousser, puis des arbres grandissant à une vitesse anormale. En arrivant finalement à destination, il vit Tatanga au pied du palais, probablement mort suite à une longue chute. Après exploration, il a finalement trouvé le binôme inconscient dans la  grande tour, un grand kameth debout entre eux, leur donnant visiblement de l’énergie, avant de finalement disparaître en voyant le visiteur. Comme aucun des deux n’avait de blessure sérieuse, il a pris la liberté de les ramener au palais et a ensuite prévenu Edelweiss de ce dont il avait été témoin.

    Tout cela s’était passé il y a deux jours. Deux jours que la guerre était considérée comme terminée.

    “C’est donc pour ça que le château semble si désert?”

    “Azaléa a été chargée de la réouverture des frontières, Waterlily est en mission à l’étranger, Thismia a été missionnée pour capturer les derniers soldats adverses et ma Weissy est partie voir Acerim d’elle-même.”

    “Et Daisy?”

    Il y eut un silence. Un silence lourd, celui qui en disait long.

    “Ah…”

    “Elle devrait bientôt se réveiller. C’est une peste, il faut plus que ça pour l’achever.”

    C’était le plus rassurant qu’il puisse avoir. Mais cette conversation n’avait pas éloigné Waluigi de son objectif premier, renvoyant Luigi dans sa chambre avec la promesse de lui faire monter un repas.

     

    ---

     

    Après avoir bien mangé et tenté de joindre son frère à plusieurs reprises -fait étrange, ce dernier n’a répondu à aucun appel-, Luigi a décidé d’appeler Luntrell pour avoir de la compagnie. Encore une fois, ce dernier est apparu dans un angle mort et s’est tout de suite dirigé vers le plombier. Il semblait soulagé de le voir, ayant probablement senti que Luigi a été mort à un moment donné. Le garçon ne comprenait pas tout à fait le système des sacrans, mais il devenait de plus en plus curieux à ce sujet. Peut-être qu’Edelweiss pourrait l’aiguiller dans ses recherches.

    L’oiseau et l’homme ont bien discuté pendant une trentaine de minutes avant que quelqu’un ne frappe à la porte. Curieux de savoir qui pouvait lui rendre visite, Luigi s’est levé pour aller ouvrir. Il a à peine eu le temps de voir que trois personnes étaient là qu’il dut immédiatement se battre pour garder son équilibre. Mario l’étreignait dans un élan rare que les jumeaux utilisaient dans leurs retrouvailles. Cette fois, Luigi ne l’a juste pas anticipé. Derrière lui, les princesses Peach et Waterlily.

    “Tu ne devrais pas rester au lit?” demanda Waterlily avec aucune fermeté dans la voix.

    “Honnêtement, je n’ai pas l’impression d’en avoir besoin.” admit Luigi alors que Mario se décidait enfin à le lâcher.

    “Je suis encore désolée de t’avoir mis dans cette histoire.” déclara Peach en baissant les yeux. “Mon offre de rétractation tien-”

    “Ce n’est pas la peine, Votre Altesse.” l’interrompit le garçon vert. “J’en discuterai avec la Princesse Daisy quand elle sera réveillée.”

    Il tourna brièvement son regard vers l’autre princesse pour voir son air approbateur. Peach, quant à elle, semblait rassurée, malgré une certaine anxiété dans ses yeux.

    Désireux de changer de sujet de conversation, Luigi tendit un peu son bras pour inviter Luntrell à les rejoindre, et ainsi procéder aux présentations. Le sacran profita du perchoir offert pour faire le malin, laissant l’énergie électrique glisser entre ses plumes. Il avait au moins la décence de garder cette énergie pour lui, pensa le plombier vert.

     

    ---

     

    La silhouette était une nouvelle fois de retour, sortant des ténèbres. Elle dessinait la forme d’un immense cerf aux bois majestueux. De plus près, le cerf se révélait être un Kameth, portant cette cicatrice trompeuse au milieu de son front, cette dernière étant en réalité une paupière qui protégeait le troisième œil. L'œil de la mort, comme disait la créature. Chrysantheem n’était pas vraiment là, mais le poids son esprit était dans les parages.

    “Ca fait un moment que tu es ici.” dit la créature.

    “Je me sens encore trop faible pour me réveiller…”

    “Allons mon enfant. Tu n’es pas faible. Tu ne l’as jamais été.”

    “Mm…”

    Le cerf a baissé la tête pour être à hauteur d’yeux de la princesse, comme à chacune de leur rencontre.

    “Hokosoi… tu ne comprends pas.”

    “Si, je comprends. Tu te sens enfermée au fond de ton esprit. Les ténèbres ont remplacé tout ce qui t’était familier. Au point même que tu te retrouves à appeler un dieu pour te tenir compagnie de temps en temps.”

    “Et je te poserai la même question qu’à chaque fois: comment y remédier?”

    Hokosoi releva la tête, donnant la même réponse qu’à chaque fois.

    “Tu es la seule à pouvoir y faire quelque chose. Il te faut juste un peu de volonté.”

    Mais bien sûr, c’est pas comme si elle n’avait pas essayé. Le temps qu’elle regarde à nouveau devant elle, le Kameth avait disparu.

     

    ---

     

    Daisy s’est finalement réveillée trois jours plus tard, dans un état très différent de celui de Luigi. Là où le garçon avait pu sortir de sa chambre au bout de quelques minutes, la princesse avait bien trop mal à la tête pour essayer de se relever. Elle put au moins se redresser quand ses sœurs sont venues lui rendre visite, puis Peach et enfin Luigi. Le plombier était sûr que la princesse adorerait son frère, étant tout les deux vifs d’esprit et un peu têtus, mais il était judicieux d’attendre que la souffrante aille mieux. Ils n’ont pas dit grand-chose, Daisy ayant juste dit qu’elle était heureuse de voir le garçon en bonne santé et le fait qu’elle avait rencontré Hokosoi durant son sommeil, que le dieu les avait sauvés tous les deux.

     

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    Il fallut encore deux jours pour que la princesse puisse enfin quitter sa chambre. Bien qu’elle ait pu rencontrer Mario, elle n’avait pas beaucoup de temps. Les premières festivités d’après-guerre organisées étaient la promotion militaire de la jeune fille. Il fallait donc lui faire un costume sur-mesure pour l’occasion, réunir un orchestre, rapatrier une escorte et bien sûr inviter les anciens alliés de Sarasaland. Ça allait être une grande cérémonie.

    Bien sûr, malgré qu’elle s’investissait personnellement dans les préparatifs, Daisy trouvait toujours un peu de temps pour ses invités, sympathisant sincèrement avec Mario, rattrapant le temps perdu avec Peach, ou tout simplement en profitant de la compagnie de Luigi.

    Le sujet du mariage a naturellement été avancé.

    Daisy a parlé franchement, admettant qu’épouser Luigi ne la gênait toujours pas, même si elle avait peur que le faire rester à Sarasaland le remette en danger. Luigi, lui, hésitait encore. Bien que vivre à Sarasaland était tentant, il savait qu’il devrait quitter tout ce qu’il avait si il faisait ce choix. La princesse a promis de ne pas le presser à ce sujet.

     

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    Deux semaines plus tard, Daisy se retrouvait enfermée dans un vestiaire avec Azaléa qui l’aidait à s’habiller. La tenue était assez complexe, blanche avec beaucoup de broderies dorées et beaucoup trop boutons sur le manteau. C’était moulant, mais assez confortable. Le manteau était assez long pour que, de dos, on ait l’impression qu’elle porte une jupe. Elle paraissait noble, et c’était encore plus beau quand une épée fut passée à sa ceinture. La lame était purement ornementale, bien loin de ce qu’elle devrait porter sur le champ de bataille.

    “Tu es magnifique...” dit Azaléa, peinant à réprimer son sourire. “Maman serait tellement fière de toi!”

    “Tu penses pas qu’elle trouverait ça bizarre? Je veux dire, j’ai sauté pas mal de grades…”

    L’aînée n’a pas pu s’empêcher de rire.

    “Allons, depuis quand la princesse Daisy Diamond fait les choses comme il faut?”

    Daisy esquissa un sourire.

    “Ouais, pas faux…”

    “Allez, je te retrouve tout à l’heure.” dit l’aînée avant de quitter le vestiaire.

     

    Les cérémonies militaires n’avaient pas changé depuis plusieurs siècles. Un défilé militaire était organisé, les principaux chefs d’armée étaient sur des chevaux. Le roi et les maréchaux, vêtus de blanc, étaient en tête du cortège. Les généraux étaient quelques rangs plus loin, menés par les quatre princesses aînées, elles-mêmes générales. Ils étaient tous vêtus de gris. Faisant une entorse à la tradition, Daisy avait été placée exceptionnellement derrière ses sœurs et non dans l’escorte fantassins qui devait théoriquement la protéger..

    Le défilé s’est arrêté devant le palais royal, laissant une heure de flottement pour la mise en place de la suite.

    Luigi fut invité dans la salle où aurait lieu la suite des événements. Il était assis aux côtés de son frère et la princesse Peach. Il a brièvement capturé une tête d’un brun familier vers la famille royale du Chesnut Kingdom, mais cette dernière a vite disparu.

    Le roi est entré dans la salle le premier, rapidement suivi par ses quatre filles aînées. Ils montèrent sur l’estrade où se trouvait le trône, puis les princesses se sont mises en place près du mur. Daisy apparut enfin par la grande porte. Elle avait l’air un peu anxieuse, mais gardait la tête haute. Cette expression lui allait bien, pensa Luigi. Elle s’agenouilla finalement face à son père.

    “Il y a 13 ans,” commença le roi, “l’enlèvement de ma plus jeune fille a marqué le début d’une guerre particulièrement difficile pour nous tous.”

    Ca a continué sur cette lancée, rendant hommage à ce qu’il estimait être de trop nombreuses victimes d’une guerre que personne n’avait voulu. Il a rapidement mentionné la disparition de son épouse, mais pour ensuite revenir à la fille devant lui, disant que même si elle était considérée comme la victime zéro de la guerre, elle était aussi celle qui y avait mis fin. Il invita finalement la jeune princesse à se relever.

    “Daisy Diamond Nerem, Princesse de Sarasaland et Maréchale d’Acerim, c’est pour moi un honneur de vous remettre la Croix de l’Aigle, la plus haute distinction militaire de notre Royaume.”

    Le roi prit la médaille de l’étui qui lui était tendu avant de l’attacher sur l’uniforme de sa fille, à hauteur du cœur. Quand cette dernière a finalement fait fasse au public, l’hymne de Sarasaland a retenti.

     

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    Deux mois plus tard, malgré la reconstruction, Sarasaland tenait de nouvelles festivités. En effet, un mariage royal avait lieu.

    “Eh ben,” commença Mario, “si on m’avait dit un jour que tu te marierais avant moi!”

    Luigi se retourna brièvement, examinant son frère. Il était vraiment beau dans ce costume bleu marine. Il avait pris soin de bien se coiffer cette fois, au lieu de cacher ses cheveux ébouriffés sous sa casquette. Ses yeux étaient plein de fierté, suffisant à faire détourner les yeux de Luigi d’embarras. Il était heureux que son frère ait accepté de faire le déplacement en tant que témoin, mais la joie communicative du plombier rouge était parfois difficile à supporter.

    “Mais… ça ne te gêne pas d’épouser une fille que tu connais depuis quelques mois?” reprit le témoin.

    “Ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas tant que ça.”

    La musique commença, marquant l’arrivée de la mariée.

    Daisy était une nouvelle fois vêtue de blanc, mais cette fois-ci dans une robe bustier avec quelques touches dorées ça et là. Son voile tombait du chignon qui lui avait été fait. Elle était radieuse. Leur regard se sont évidemment croisés. Son expression portait un sourire discret, mais sincère que Luigi n’eut aucun mal à capturer.

    “Et je crois que ça ne la dérange pas non plus.”

     


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